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STRUCTURE DU CHIEN

LES PILIERS DU CHIEN

D’origine et par nature le chien est un animal vivant en meute. Cette notion est d’une importance capitale et engage la totalité des comportements canins. C’est quoi une meute ? Certains affirmeront qu’il s’agit d’un groupe d’animaux de même race. Cette vision raccourcie n’est pas fausse, mais terriblement incomplète. Si effectivement, c’est un groupe d’animaux de même race, c’est bien d’autres choses aussi. Une colonie d’abeilles ou de fourmis est aussi un rassemblement d’animaux de même race sans être une meute. La différence vient du fait qu’une meute est assimilable à un organisme vivant participant à un même objectif. Elle a des règles et des lois qui génèrent des comportements, lesquels comportements apportent des actions dont la seule finalité est la survie et la croissance du groupe et de l’espèce. C’est la solution qu’a trouvée la nature pour résoudre le problème de la pérennité de l’espèce. D’autres existent qui vont de l’organisation en colonie en passant par les modes de reproduction et de protection des progénitures. L’organisation en meute est donc un mode particulier de fonctionnement qui est régi par des règles incontournables. C’est l’étude de ses règles qui permettra de comprendre les comportements de votre chien qu’il s’agisse d’un animal de 100 kg ou de 1 kg. Ces règles sont communes à tous les chiens.

Le territoire

Le territoire est le pendant de la meute. En effet, celle-ci ne peut exister si elle n’a pas de lieu pour s’exprimer. Il fait l’objet d’attentions particulières et soutenues qui engagent des processus de survie et de conservation de l’espèce. Ne cherchez pas d’où vient l’instinct de garde de votre York ni pourquoi il aboie au moindre bruit dans l’escalier. Il signale à la meute et au chef de meute qu’un intrus approche du territoire. Il vous appartient de maîtriser ce comportement normal, afin de ne pas avoir de soucis de voisinage. Ne soyez pas surpris si votre chien fugue. Ce comportement est normal dès l’instant où votre chien se sent investi du rôle de chef de meute. En effet, son boulot est de garantir le territoire, mais aussi d’en conquérir d’autres et de préférence meilleurs en termes de ressources alimentaires et de femelles. Notre but n’est pas de faire une thèse sur le territoire, mais de vous faire comprendre que bien souvent, ce que vous jugez comme étant une faute du chien est avant tout une faute de votre part. La plupart des comportements jugés indésirables par les maîtres ont pour origines des erreurs de compréhension et de mise en pratique des deux notions principales du fonctionnement canin : la meute et le territoire. Si pour vous, le territoire est limité à la zone d’habitation, pour votre chien, il n’en est rien. Il s’interprète de plusieurs manières. Il y a bien sûr le territoire classique, en d’autres termes, chez lui, mais aussi le territoire à géométrie variable. En gros, là où il se trouve il transporte un morceau de territoire. Même dans la rue, votre chien est dans son territoire. C’est pour cette raison qu’il balise le terrain de son urine. À l’extérieur, un chien qui l’approche de trop, viole son territoire où que se trouve votre animal. Il s’agit d’une notion particulière du territoire qui est l’espace vital. C’est une zone en deçà de laquelle l’intrus est perçu comme une menace. Si le chien est capable de repousser, il y aura protection sinon ce sera la fuite. Cet aspect a des conséquences pouvant être dramatiques. Un chien dont l’espace vital est violé est en phase de stress et d’angoisse. S’il peut fuir, tout se passera bien, il peut survivre. S’il ne peut pas et que la pression devient trop grande au point de menacer sa survie, il aura ce que l’on appelle une réaction catastrophique, il charge pour simplement survivre. C’est pour cette raison qu’un chien acculé devient dangereux ainsi que la plupart des animaux y compris l’homme.

La hiérarchie

Qui dit groupe, dit forcément hiérarchie. Il en est des chiens comme de tout autre groupe animal, l’homme y compris. Qu’importe le mode d’expression, elle est toujours présente. Nous ne détaillerons pas dans ce chapitre les mécanismes de la hiérarchisation des meutes ou des groupes pour nous concentrer sur la partie visible de son influence. Sachez simplement que cet aspect vise à déterminer qui est le chef et qui obéit au chef en d’autres termes qui domine et qui est dominé. L’un et l’autre ont une fonction précise dans le groupe et des attributions différentes. Le dominant à la charge de la conduite de la meute, le dominé a la charge de suivre le dominant et de lui obéir. Dans votre relation avec votre chien, qu’il s’agisse d’un Teckel ou d’un Bull Mastiff, les choses se passeront de la même manière que dans une meute à la différence près que vous risquez d’être le dominé avec le Mastiff. Tout le système relationnel est régi par la hiérarchie et la dominance, et ce fonctionnement est très lourd de significations et de conséquences. La plupart des morsures, des vols, des fugues et bien d’autres comportements non désirables de votre point de vue sont dus à des erreurs de dominance ou une mauvaise gestion de la hiérarchie. La totalité de l’éducation repose sur ce concept et de très nombreuses techniques d’éducation et de formation canines exploitent ce mode de fonctionnement des meutes. Il faut des connaissances, du doigté et de la fermeté pour arriver au bon résultat.

L’instinct

Il faudrait définir ce qu’est l’instinct. Nous pourrions dire qu’il s’agit des comportements ancestraux des espèces visant à leur maintien et à leur multiplication. L’éthologue les définira autrement, le psychologue aura probablement un autre point de vue ainsi que le biologiste. Pour nous, communs des mortels, nous dirons que l’instinct est la somme des comportements d’une espèce autre que les comportements acquis. Le sujet de l’instinct est vaste et n’a pas encore reçu de réponse définitive. Au niveau du chien, les choses sont plus intéressantes. À partir des comportements instinctifs, nous pouvons les utiliser, les améliorer et les transformer en comportements utiles à l’homme. L’instinct de garde est utilisé dans toutes les activités de surveillance et de gardiennage, l’instinct de prédation dans le domaine de la chasse, mais aussi dans le travail de berger et de conduite des troupeaux, l’instinct de meute dans la recherche des personnes, etc… La seconde constante des instincts est qu’ils sont irrépressibles. Il est donc parfaitement inutile de lutter contre eux, bien au contraire. Dans le cas le moins grave vous allez déstabiliser le chien, au pire vous génèrerez des comportements de substitution bien plus dommageables pour le chien et pour vous. L’instinct ne peut faire autrement que de s’exprimer. Il est plus efficace de comprendre le comment et le pourquoi de ces comportements et de mettre en face une procédure de satisfaction tant pour le chien que pour son maître. L’exemple classique est celui du chien aboyeur. Un chien garde son territoire et son rôle instinctif est d’aboyer dès l’apparition de l’intrus. Il prévient la meute d’un danger et l’intrus de sa présence. Dans notre vie moderne, les cartes sont truquées. L’intrus n’en est pas un et se fiche de l’avertissement du chien. C’est juste un voisin qui rentre chez lui et tous les jours, dans l’instinct du chien, il insiste. S’installe une spirale d’incompréhensions où le voisin et le chien vivent leur vie et qu’un chien casse les oreilles de l’immeuble. Interdire au chien d’aboyer est illusoire, car contre nature. Au contraire, soit vous renforcez ce comportement pour le faire cesser, soit vous intégrez le voisin au territoire de votre chien en l’excluant de sa fonction d’intrus. Il devient un pote que l’on attend tous les jours. D’autres exemples existent et c’est le cas des facteurs et de tous les habitués du secteur.